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— Méchant communiste ! je t’apprendrai à te mêler de mes affaires !

Daniel repoussa l’irascible personnage : il y eut entre eux un saboulement assez violent et quelques bourrades tandis que de cette foule paysanne, qui ne comprenait même pas le français, montait une rumeur menaçante, Badil, l’avocat du village, Pirot et autres compères s’acharnant à répéter :

— C’est une canaille, cet homme, ce higounaou[1] Il veut détruire les étangs, ruiner le peuple et empoisonner les gens, comme il a fait de la dame de Mortefont !

À ce moment, il y eut une poussée, un coup de bâton asséné par Moural, l’associé de la Cadette, atteignit Daniel au crâne et fut aussitôt suivi de plusieurs autres, chacun tenant à donner son coup, en sorte que le docteur tomba plus qu’à demi assommé. Une fois qu’il fut par terre, les coups de pied accompagnèrent les coups de bâton. Trigant l’ancien berger du Désert, tapait comme un sourd en hurlant :

— Étripons-le ! étripons-le !

Voyant la tournure que prenait l’affaire, M. Carol s’était reculé : avec trois ou quatre amis attirés par le vacarme, il regardait faire tranquillement.

Daniel courait le risque d’être « étripé », oui, vraiment, par les lourds sabots qui le piétinaient et les bâtons qui le frappaient lorsque tout à coup un homme survint, qui fonça sur ce ramassis de brutes, à coups de cravache en criant :

— Arrière, canaille !

Surpris, cinglés rudement, tous ces misérables en

  1. Huguenot.