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— Ha ! ha ! ricana M. Carol.

— L’homme, individuellement, n’a qu’un droit de jouissance sur la terre. La propriété du globe terrestre appartient à l’humanité ; le territoire français à la nation. L’accaparement du sol est donc un crime contre les faibles. La terre n’est pas une machine, ni un objet de pur agrément, de gloriole, ni un moyen d’influence pour les riches, c’est une demeure, un chantier de travail, un moyen de subsistance pour tous… Il y a un apôtre qui a dit assez de bêtises ; mais je les lui pardonne parce qu’il a dit une belle vérité : « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger ! »

— C’était un sans-culotte.

— Possible, monsieur Carol !… Eh bien, parmi tous ces messieurs si dévots, qui se soucie de cette parole de l’apôtre ? Personne. Les pauvres sont contraints par la faim de travailler pour les riches qui possèdent la terre. Et ceux qui devraient les défendre s’efforcent de les maintenir dans la sujétion, en leur promettant une bonne place dans le royaume des cieux qui est on ne sait où !

— Parpaillot, va !

— Parpaillot, soit, mais homme juste, qui voudrait voir commencer dès cette vie le règne de la justice sociale !… Je dis donc que nul ne devrait pouvoir se soustraire à la grande loi du travail. Ainsi, vous, monsieur Carol, si les choses étaient équitablement arrangées, vous devriez travailler votre réserve, et vos six métayers devraient garder tout le revenu provenant de leur travail : cela ferait sept familles dans l’aisance, au lieu que présentement il y en a une dans l’aisance et six dans la misère !

Ici M. Carol saisit Daniel au collet en criant :