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de champignons parasites, des taches de couleurs incertaines et des briques rougeâtres qui se présentaient aux yeux et à l’esprit du docteur comme des dartres et des plaques squameuses. Au-dessous de la vieille gentilhommière, un suintement d’eau épaisse, ocreuse, semblait sortir d’une plaie malsaine et se répandait sur la nappe noire de l’étang avec des reflets huileux et métalliques.

« Le château de la défunte demoiselle de Garidel est malade ! » pensa Daniel avec un demi-sourire.

L’aspect minable des bâtiments était complété par un toit d’ardoises moussues, noircies, à la cime duquel pendait piteusement une girouette immobile. Autour de ce corps de logis irrégulier, que flanquait un modeste pavillon carré, point d’arbres marmenteaux, point de jardin, de verger, de courtil : rien.

À la porte d’entrée, le docteur fut reçu par le propriétaire, un Espagnol connu sous le nom de don Esteban qui s’y était installé, il y avait tantôt deux ans, venu on ne savait d’où.

Après avoir attaché sa jument dans l’écurie, qui occupait une partie du rez-de-chaussée, Daniel suivit l’homme, qui, en montant un escalier de planches délabré, lui expliqua dans un baragouin mi-français et espagnol, que doña Maria, sa chère épouse était malade.

En haut, sur le palier, après avoir frappé à une porte, don Esteban introduisit le docteur dans une pièce tendue d’une vieille indienne à ramages décolorés, que l’air venu de la porte agita faiblement. Au fond de la chambre, mal éclairée par une petite fenêtre aux vitres verdâtres, près d’une haute cheminée où brûlait un maigre feu de fagots, une très jeune femme était assise dans un antique fauteuil