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— À tout péché miséricorde ! fit-elle avec indulgence. Et combien voulez-vous gagner ?

— Cent écus l’an et une robe d’étrennes.

— Cent écus !… Séverine n’en gagne que trente !

— Oui. Mais, si j’entre ici, il me faudra, en plus de mon service, faire la volonté du monsieur !

— Que dites-vous là ? s’écria l’autre.

— La pure vérité, madame. C’est une affaire arrangée d’avance avec mon honnête femme de mère !

Très vexée d’être ainsi dupée par son mari, madame de Bretout dit sèchement à Sylvia :

— Vous pouvez vous en aller !… vous ne me convenez pas.

En sortant, comme la Cadette récriminait fort contre sa fille, celle-ci lui répondit :

— Ça n’est pas la peine de te troubler ni de faire encore déranger les gendarmes par le monsieur du château. Tu sais que dans deux mois, à la Notre-Dame de septembre, j’aurai mes vingt et un ans et que je serai maîtresse de mes faits et gestes : ainsi laisse-moi en paix !…

Le soir, en rentrant de la chasse, M. de Bretout fut très fraîchement reçu par madame.

— Vous savez, notre cher ! si vous voulez cette fille, je m’en moque comme de ma première poupée ; mais que ce ne soit pas chez moi !… Vous n’ignorez pas, d’ailleurs, que ce serait un cas de séparation de corps… et de biens !

Elle appuya sur ces derniers mots, et, satisfaite de son petit effet, se retira dignement, après un coup d’œil victorieux à M. de Bretout fort déconcerté.

Il avait bien eu l’envie de regimber contre cette humiliante vespérie ; mais, plus sage qu’à l’ordinaire, il s’était dominé. C’est que derrière sa femme il