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comment il courait toute la France, vivant le mieux du monde, aux dépens des hôteliers, — jeté à la porte, le plus souvent, au moment de payer l’écot, — avec un coup de pied au derrière, par-ci par-là, mais rarement livré aux gendarmes comme ça venait de lui arriver. — Il calculait que, sept fois sur dix, il s’en tirait les braies nettes, et, à ce propos, faisait des remarques sur le caractère des aubergistes. Les gros et gras étaient plus faciles ; les maigres et jaunes, plus hargneux. Les premiers riaient parfois du tour, les seconds en rageaient immanquablement. Ceux-ci avaient le coup de pied plus fréquent et seuls requéraient les hirondelles de potence.

À l’égard des victuailles, il avait étudié la cuisine des diverses provinces. Il se rappelait avec délices les foies de canard d’Auch en Gascogne, les lièvres à la royale du Périgord, les andouillettes de Troyes en Champagne, le veau de rivière de la vallée d’Auge, le gras-double à la Lyonnaise, la choucroute de Strasbourg, la volaille de Bourg-en-Bresse, la morue en brandade de Marseille, les canetons de Rouen et les gigots de pré-salé de Guérande.

De même avait-il fait pour les boissons. Comparant les divers liquides entre eux, sans dédaigner la bonne bière du Nord, ni faire fi de l’excellent cidre du Calvados, il concluait en faveur du vin rouge et blanc, — de Bourgogne ou de Bordeaux : il n’était pas exclusif.

Tout bien considéré, il avait adopté ce genre de vie joviale et facile et en démontrait l’excellence par des arguments en forme. « La fin de tout homme était de se repaître et le vol avait pour but de se cotonner le moule du gilet, mais c’était un moyen dangereux qui menait loin quelquefois. Au contraire,