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— Aïe !

— Vous voilà convaincu, n’est-ce pas, qu’on ne me fait pas marcher ? reprit Daniel.

— Vous êtes fort ! il n’y pas à dire, fit l’homme avec un sourire ambigu ; vous pouvez faire tout ce que vous voudrez !

— Je ne fais pas tout ce que je peux, mais seulement ce que je dois ! répliqua le docteur. Et maintenant, retournez à vos cartes.

Débarrassé de Perducat, il s’assit sur un banc et regarda autour de lui. La chambre contenait une dizaine de lits de sangle ou à tréteaux de bois, garnis d’une paillasse et d’une couverture. Dans le milieu, une table graisseuse où était posée une cruche ébréchée. Les murs nus, jadis blanchis à la chaux, décrépis par endroits, étaient couverts d’inscriptions, de noms, de dates et de dessins grossièrement obscènes. Le plafond était fait de solives mal équarries et le plancher de carreaux en terre cuite rouges et poussiéreux. À une extrémité, une fenêtre à barreaux de fer entre-croisés, près de laquelle jouaient les prisonniers, éclairait mal la pièce. Dans un angle s’ouvrait un petit réduit où était placé le baquet aux nécessités, qui répandaient une abominable odeur.

Autour des deux joueurs, qui se tenaient à cheval sur un lit, face à face, les autres prisonniers suivaient la partie. Seul, accroupi dans un coin, le paysan demeurait sombre et ne soufflait mot, l’œil inquiet ainsi qu’une bête sauvage récemment capturée.

Une heure avant le coucher du soleil, quand le grillage serré ne laissa passer qu’un jour insuffisant, le jeu cessa et chacun s’allongea sur son lit en attendant la soupe.

Pour tuer le temps, le vieux récidiviste raconta