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Ils atteignaient alors le grand chemin de Ribérac. Après une cordiale étreinte, les deux hommes se séparèrent, et M. Cherrier revint sur ses pas, la tête basse, fort mélancolique.

Daniel et Mériol cheminèrent silencieux jusqu’à l’arrivée. Le docteur s’entretenait avec ses pensées, et le vieux domestique n’était pas plus bavard que d’habitude. Pourtant, lorsqu’ils furent devant la prison, devant cet ancien couvent aux murs noirs, aux rares baies grillées, Mériol laissa échapper cette piteuse exclamation :

— Oh !

Daniel, lui ayant serré la main, s’empara du portemanteau et heurta résolument à la porte.

Le judas s’ouvrit, et, après un petit colloque, une voix rude lui apprit que pour le recevoir il fallait un ordre du parquet.

Au parquet, après une longue attente, le procureur du roi délivra cet ordre de mauvaise grâce. C’est que le docteur, en se constituant volontairement prisonnier, réduisait à néant la réquisition adressée aux gendarmes aux fins de l’arrêter, le lendemain, et de le conduire en prison, le cabriolet aux poings, à titre de salutaire exemple.

Muni du papier, Daniel vit s’ouvrir la lourde porte ferrée, fut écroué promptement et ensuite mené dans une vaste chambre où se trouvaient déjà cinq hommes.

L’un était un pauvre vieux en cheveux blancs, au nez roupieux, aux paupières enflammées par une blépharite chronique, emprisonné pour mendicité. À côté de lui était assis un paysan à la figure terreuse et dure, condamné à quatre mois pour vol, et entré de la veille. Le troisième, un vieux récidiviste hirsute