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— C’est tellement vrai ce que vous dites, monsieur, qu’ils appliquent dans l’espèce des articles du Code pénal qui ne s’y ajustent nullement, sinon par une interprétation odieusement abusive !… Car enfin il n’y a pas de loi qui punisse le duel !…

En s’en retournant, le notaire, après avoir copieusement récriminé, détesté la justice et maudit les juges, interrogea le docteur :

— Que vas-tu faire ?

— Que voulez-vous que je fasse ! Plutôt que d’être enfermé six mois, je préférerais servir encore de cible au grand sire de Bretout ! Mais je n’ai pas le choix. Quant à en appeler à Périgueux, c’est bien inutile. L’abbé de Bretout, qui m’a si bien fait saler par son ami le président du tribunal, et ses confrères les paccanaristes ont le bras long et des affidés partout dans la magistrature. Soyez sûr que les gens de là-bas ne voudraient pas dédire leurs collègues d’ici. Ce n’est pas la peine de faire de nouveaux frais : il y en a déjà bien assez !

— Si ce n’est que ça qui t’empêche, tu sais que je suis là !

— Merci, mon excellent ami ! fit Daniel en pressant la main du notaire. Ce qui m’empêche, c’est la conviction de l’inutilité de l’appel…

Pendant la semaine qui suivit, le docteur mit tout en ordre chez lui, arrangea ses affaires et donna une procuration générale à M. Cherrier afin qu’il pût le remplacer pendant son absence. La veille du jour où expirait le délai d’appel, tous ceux du Désert, moins le berger, suspect, étaient assemblés dans la chambre de Daniel, avec le notaire, pour lui faire leurs adieux. Comme il avait le pressentiment que ses ennemis chercheraient à l’atteindre en lui enlevant Sylvia, le