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— Je vous remercie : j’accepte volontiers, et j’espère que monsieur de Fersac voudra bien aussi m’assister… Mais cela sera, en raison de l’éloignement respectif des témoins, cinq ou six jours peut-être d’allées et de venues, de pourparlers, de communications et de perte de temps avant d’en finir : on ne sait sur quel pied danser, en attendant !

— Tu prends les choses du bon côté.

— Du moins mauvais… Je vous assure pourtant que je sens bien tout ce qu’il y a d’absurde à risquer de se faire tuer par un fou pareil !… S’il ne s’agissait que de moi seul, je l’enverrais paître tout son saoul. Mais, avec les préjugés actuels, un homme qui refuse de se battre est déshonoré, ou tout au moins déconsidéré. Or, comme j’ai besoin de conserver ma réputation, mon crédit moral et le peu d’influence que je puis avoir, pour consacrer le tout à la régénération de la Double, je n’hésite pas à me mesurer avec le sire Tancrède-Roland-Guyon de Bretout, mon noble cousin par alliance !

— C’est beau, la jeunesse ! fit M. Cherrier.

Au gué de la Risone, chacun prit son chemin pour rentrer chez soi.


Ainsi que l’avait prévu le docteur, il fallut une semaine aux témoins pour se joindre, discuter les conditions de la rencontre, et remplir toutes les formalités protocolaires. Pourtant, Daniel avait dit à M. de Fersac et au notaire : « Les armes, le jour, le lieu, j’accepte tout. » Mais un des témoins du vicomte était un de ces gens épineux qui multiplient les difficultés à propos de toutes choses, et qui, lorsqu’on leur a concédé ce qu’ils demandent, n’en veulent plus, crainte de quelque piège caché.