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courses par le docteur Nathan : une mignonne pendule rococo, dont le corps était en faïence à fleurs ; une buire antique de bronze ; une admirable main de déesse en marbre blanc, recueillie dans les ruines de la villa romaine de Longa, près Mussidan. Aux murs étaient accrochés d’anciennes estampes, un vieux portrait d’une dame en costume du xviie siècle, une belle paire de pistolets de ceinture à crochets, et un plat en étain de glace aux armes des Gastechamp, large comme une rondelle du xvie siècle.

Au milieu de la chambre, une longue table massive était surchargée de livres, de papiers pressés par des haches en silex, de boîtes contenant des médailles antiques, des fibules, des anneaux et autres menus bijoux. Sous la table, une peau de loup, et, à côté, un énorme polissoir à outils, des âges préhistoriques. C’est là que le docteur Nathan écrivait. Son grand fauteuil à dossier carré était devant la table, et une plume d’oie aux barbes grises était encore fichée dans l’écritoire de plomb.

Et puis, dans une encoignure, il y avait « Baltazar ». C’était le squelette d’un homme de haute taille, articulé en cuivre, qui avait servi au père de Daniel pour son Traité de mécanique humaine. Présentement il était debout sur sa planche, la jambe gauche en avant, un peu infléchie, les bras croisés sur la cage de la poitrine, en l’attitude symbolique d’un lutteur qui attend l’adversaire. Tout enfant, Daniel lui avait donné ce nom de Baltazar, qui l’avait frappé dans le vieux livre où le colonel ainsi nommé raconte ses exploits, vaillamment accomplis pendant la guerre de Guyenne, au temps de la Fronde bordelaise.

Tandis que dans le demi-jour le jeune homme