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Le docteur Gauriac garda pour lui cette dernière partie de la commission ; mais la première suffit amplement à irriter le gendre de M. de Légé, qui se prodigua en verbeuses récriminations. Quoi ! lui, vicomte de Bretout, ne pourrait s’acquitter envers ce médicastre !… Un tel personnage prétendait-il le contraindre à demeurer son obligé ?

— Ma foi, s’écria le vieux Gauriac impatienté finalement, je puis vous dire qu’il vous dispense de toute gratitude !

— Je n’ai que faire de ses cadeaux, à ce parpaillot fils de manants ! glapit M. de Bretout.

— Monsieur, dit alors M. de Légé, veuillez ne pas oublier que mon aïeul et celui du docteur Charbonnière étaient frères !

Sur cette observation M. de Bretout, dépité de sa bévue, sortit en murmurant des excuses.

— Vous me laisserez le soin de cette affaire ! lui dit son beau-père avant qu’il eût refermé la porte.

Malgré cette injonction, deux jours après, M. de Bretout, incapable de supporter plus longtemps ce qu’il appelait un affront, se rendit au Désert dans l’intention judicieuse d’obliger Daniel à recevoir des honoraires, ou bien à se battre avec lui. Ce faisant, il se croyait très généreux : un gentilhomme tel que lui n’était-il pas en droit de refuser un duel avec un roturier, bien loin de le lui offrir ? Mais, dans ce conflit où son orgueil était engagé, le vicomte faisait le sacrifice le moins pénible pour lui en risquant de tuer l’homme qui, selon toutes les apparences, avait sauvé madame de Bretout…

D’aventure, Daniel était absent lorsque le mari de Minna se présenta chez lui. Dans la cuisine, Sylvia déambulait, tenant sur ses bras le petit Samuel que