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question d’honoraires comme touchant uniquement le docteur Gauriac ; quant à lui, Daniel, il ne lui était rien dû. Après plusieurs raisons échangées avec courtoisie, M. de Légé se leva, visiblement contrarié :

— Alors, merci et adieu ! fit-il de mauvaise grâce.

— Il n’est pas content ! remarqua le notaire, aussitôt le cousin parti.

— Non !… Ce n’est plus le même homme que vous avez trouvé relativement facile au sujet de ma dette après la morsure de la vipère. Il subit aujourd’hui l’influence de sa fille et de son gendre, qui s’exerce dans un sens tout différent. Le trop d’empressement que tous veulent mettre à s’acquitter montre assez combien la reconnaissance leur pèse.

Bientôt le docteur Gauriac, délégué par M. de Légé, vint représenter amicalement à son jeune confrère qu’il ne se ferait aucun tort en acceptant des honoraires, puisque lui-même, un vieil ami et moins utile en l’espèce, agréait une rémunération de ses services.

À cela Daniel objecta qu’appelé comme pis-aller, à défaut d’un autre médecin habitant le voisinage, il s’était rendu à Légé simplement par devoir humain et par pitié pour sa cousine.

Et, comme le vieux docteur insistait encore et disait avoir carte blanche pour régler cette question d’honoraires, Daniel, un peu froissé, lui répondit :

— Mon cher confrère, je m’en tiens à mes raisons ; je ne veux rien.

— Ils vont être fort mécontents, là-bas, principalement monsieur de Bretout.

— Je le comprends : leur orgueil souffre de m’avoir une aussi grande obligation. Mais qu’à cela ne tienne : je les dispense de toute gratitude, vous pouvez le leur dire !