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ton honnête femme de mère habite à Saint-Jean-d’Ataux avec un groulon de Moural… et avec cet autre brave homme de Badil aussi, peut-être, un peu ?… Vieille carogne ! fit-elle en se tournant vers la Cadette, et toi, où as-tu fait publier tes bans ?… où t’es-tu mariée ?… Dans la paille, n’est-ce pas, comme une chienne que tu es !

— Comme que ce soit, bredouilla la Cadette interdite, la Sylvia n’étant point majeure est sous mes mains et doit faire à ma volonté.

— Ah ! c’est ce gueux de Badil qui t’a enseigné la loi !… Et le petit, qu’en devrions-nous faire ?

— Il viendra donc avec sa mère, n’est-ce pas ?…

Oyant cela, Sicarie courut sur la Cadette, les griffes en avant, les yeux étincelants, tellement furieuse que l’autre, épeurée, tomba en arrière, assise rudement sur un banc.

— Vois-tu, gueuse que tu es ! avant que ce drôle et sa mère sortent d’ici, je t’étranglerai avec ces mains-là !…

Et elle lui présentait dans la figure ses grands doigts osseux.

— Et puis, si tes associés s’en mêlent, moi, toute seule, je les étriperai tout ainsi que des lapins !

Ayant dit, comme la Cadette épouvantée ne bougeait pas, la géante l’enleva et la mit sous son bras à la manière d’un sac de blé, en disant :

— Je ne sais à quoi tient que je ne te trousse et te donne l’anguillade !

Mais, sur l’intervention de Sylvia, elle se contenta de porter la Cadette hors de la cour, et de la lâcher après l’avoir rudement admonestée sur les deux joues :

— Porte ça tout chaud à ton Moural !