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Un jour que, nerveuse, de mauvaise humeur, elle avait encoléré son mari par maints petits coups d’épingle, il se fâcha :

— On dirait que vous êtes amoureuse de ce phénix !

L’observation était faite sur un ton d’ironique défi, mais Minna ne recula point.

— Je l’ai été, mais je ne le suis plus, répondit-elle tranquillement.

— Que ne l’épousiez-vous, alors ! s’écria M. de Bretout, exaspéré.

— C’est que, fort heureusement pour vous, il ne m’a pas voulue.

Le vicomte, un moment, fut suffoqué, mais il se remit

— Me direz-vous pourquoi ? demanda-t-il.

— Je n’ai rien à vous cacher : il m’a trouvée trop dévote et trop riche.

— Vous vous moquez de moi !

— Je n’oserais, fit-elle avec un air mutin. Tenez, sous cette charmille même où nous sommes, mon cher cousin m’a dit fort clairement qu’il ne souffrirait jamais que sa femme allât à confesse… et puis qu’il se jugerait méprisable de jouir de ma fortune…

À ce coup droit, le mari, outré de fureur, eut un geste violent ; mais, devant l’attitude innocente de sa femme, il se contint, proféra un énorme juron et s’en alla.

Ces scènes de ménage entretenaient M. de Bretout dans ses sentiments d’animosité contre le docteur et les envenimaient… De temps à autre, un incident extérieur révélait la continuation des manèges malveillants par lesquels le vicomte cherchait à discréditer l’adversaire et à lui susciter des ennemis. Mais