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établissement à la cure de la Jemaye, fut de prendre une exacte connaissance du pays, des habitants et des questions locales, si importantes pour qui veut jouer un rôle public. Aussi, au retour d’un voyage nuptial assez prolongé, le vicomte de Bretout trouva prêt tout un plan de conduite comprenant des observations générales, l’état des principaux problèmes intéressant la contrée, une liste des personnes à voir, avec des notes sur leur caractère, leurs opinions, leurs relations, leurs antécédents et leur autorité. Un itinéraire tout tracé accompagnait sagement ces instructions, de telle sorte qu’on évitât des froissements d’amour-propre au sujet des préséances.

Quelques notes particulières jointes à ces renseignements devaient épargner à M. de Bretout quelques fâcheux impairs :


« Ne point parler de la situation irrégulière du docteur Charbonnière chez M. Carol, qui vit publiquement dans le plus grand désordre avec ses servantes…

» Ne faire aucune allusion aux médicastres ignorants chez M. Grandtexier, ancien officier de santé, qui passe pour avoir tué pas mal de gens avec sa lancette… »


Selon l’abbé de Bretout, le vicomte son neveu devait conquérir, plus tard, un siège à la Chambre des députés, et, présentement, pour marchepied à ce haut poste politique, solliciter un mandat de conseiller général. Précisément, celui qui représentait alors le canton était fort malade, condamné par les médecins, disait-on : c’était le moment de commencer les travaux d’approche.