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ment elle était née dans la forêt, il dit en riant : « Eh bien ! il vous faut l’appeler Sylvia !… »

Ce que nous avons fait, sans savoir pourquoi.

— Et votre défunt homme, comment s’appelait-il ?

— Cadet.

— Bon, c’est un surnom, ou son « saffre », mais son nom de famille ?

— De famille ?… Je ne sais pas… Je ne lui en ai jamais connu d’autre…

La Cadette ayant débité ces réponses de sa voix traînante et molle, Daniel la quitta et revint au Désert accompagné de M. Cherrier. En chemin, il parla au notaire de ses intentions à l’égard de Sylvia.

— Mon ami, dit ce brave homme, je suis tellement dégoûté des maquignonnages auxquels j’ai prêté et prête encore la main sous la forme de contrats de mariage que je t’approuve pleinement d’ainsi faire… C’est dommage seulement que la petite ne soit pas orpheline de mère, comme elle l’est de père : ainsi tu n’aurais pas de belle-mère… Car il ne te faut pas perdre de vue qu’en épousant Sylvia tu épouses aussi la Cadette, en quelque façon…

— Comment cela ?

— C’est que, vois-tu, il y a dans le Code civil un petit article qui oblige les enfants à fournir des aliments à leurs père et mère dans le besoin ; et cet article oblige les gendres et les nores tout comme les fils et filles. Ainsi, toi, comme mari de Sylvia, tu pourrais être contraint légalement de servir une pension alimentaire à la Cadette… Il est vrai que, si elle se remarie, elle perd ses droits ; mais j’ai dans l’idée qu’elle ne se remariera pas.

— Cependant elle quitte le moulin tout exprès !

— Oui. Mais l’homme avec qui elle va demeurer,