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pêcherait l’étang et qu’on le trouverait la figure mangée par les poissons. Alors il renfila ses sabots, ramassa son bonnet lancé à terre et se dirigea vers Montpaon. La nuit était noire. Du haut d’une berge déserte il se précipita dans la rivière grossie par les pluies, et, roulé par les eaux limoneuses, il descendit vers Coutras…

Le lendemain, Jannic n’ayant pas reparu, Sylvia voulut toucher les moutons à sa place. Et, comme Daniel lui disait par manière de plaisanterie ne point l’avoir louée en qualité de bergère, elle insista gentiment :

— Laisse-moi t’être utile à quelque chose !

— Va donc, ma fille, puisque tu le veux ; mais ne t’éloigne pas plus que les landes du Signal, et emmène César.

— Oh ! je n’ai pas peur des loups ! ni de rien ! fit-elle en montrant dans un sourire ses fines dents blanches.

Sylvia partie, le docteur sella sa jument et s’en fut à Pleine-Serve, chez la gent de Jannic. Là, personne ne l’avait vu. Le père du berger ne s’étonna d’ailleurs pas autrement de sa disparition.

— Il se retrouvera bien ! fit-il, ça n’est pas la première fois qu’il fait ainsi… il est un peu lunatique…

En revenant, Daniel s’informa dans le village, où le garçon aurait dû passer suivant la direction indiquée par Sylvia ; mais nul ne l’avait aperçu.

— Peut-être s’en est-il allé dans le Bordelais se louer pour les vendanges, dit M. Cherrier, venu souper au Désert, lorsqu’on lui apprit cette disparition.

La fin de tout cela fut que le maître prit un autre