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— Sieds-toi, dit-il à Janmic en lui montrant une « cosse » pareille dans l’autre coin.

Le garçon ne fit pas de manière pour s’asseoir, mais, poliment, attendit une interrogation de Gondet.

— Hé ! donc, reprit celui-ci, tu as quelque chose qui t’enrage, je le vois bien !

— Oui… J’aime une drôle, la Sylvia, qui ne me peut souffrir, et je voudrais un charme pour me faire aimer…

— Ça n’est pas une petite affaire ! dit le vieux après un moment, et puis ça coûte cher, mon pauvre ami !

— J’ai là une pièce de quinze sols…

— Baille, que je la voie ?… Elle est bonne, ajouta le bonhomme en la fourrant dans son gousset. Pour faire ce sortilège, reprit-il, besoin est d’une racine que nous allons chercher.

Ils sortirent.

Après avoir longtemps cherché, Gondet s’arrêta le long d’un taillis, et dit à Jannic en lui désignant une plante !

— Avec ton couteau fais un rond autour de ce martagon-ci, en ayant soin de ne point le gâter, puis arrache-le doucement.

Jannic ayant mis au jour la racine de martagon aux deux bulbes jumeaux, ils revinrent chez le sorcier, qui la prit et prononça dessus cette invocation :

— Ô martagon qui fais courir les filles après les garçons, fais que la meunière aime le berger, que la Sylvia aime Jannic !… Ainsi soit-il !

Ensuite de cela il dit au garçon :

— Partage cette racine en deux, mets-en la moitié dans ta paillasse, et l’autre dans celle de la fille ; mais qu’elle ne le sache !