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d’Échourgnac allaient à quarante-six ! Il faisait voir que, dans cette contrée maudite les décès excédaient de beaucoup les naissances, et que la moyenne de cinquante-quatre habitants par kilomètre carré dans le département descendait à quatorze dans les communes d’Échourgnac et de La Jemaye !

La seconde partie du mémoire expliquait l’insalubrité du pays : mince couche arable reposant sur un lit épais d’argile imperméable qui tenait l’eau comme un pichet. De cette constitution géologique résultait la stagnation des eaux pluviales, gardées partout dans les combes et les plis de terrain, par trois cents étangs, petits ou grands, et des marécages sans nombre, où les matières organiques en pourriture, à découvert quand venait la sécheresse, répandaient sur le pays des germes d’infection. Parmi les plantes les plus insalubres à cet égard, le mémoire signalait une algue qui semble toucher au règne animal, la conferve bulbeuse, d’où se détache une infinité de spores : celles-ci se meuvent rapidement, à la manière des infusoires, et leur décomposition, pareille à celle des animaux, multiplie le germe de la fièvre, qu’inoculent à l’homme les moustiques nés dans ces marécages empestés.

La troisième partie du mémoire exposait les moyens d’assainissement qui seuls régénéreraient la Double :

1o Suppression et mise en prairies des étangs, ou de presque tous, avec le principe admis d’une entente amiable comportant une indemnité aux propriétaires, ou bien, à défaut d’entente, application de la loi du 11 septembre 1792.

2o Création d’un réseau de routes qui rayonneraient d’Échourgnac, point central de la Double, vers les villettes et les bourgs du périmètre extérieur, en des-