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pides autant que ceux d’un tout jeune enfant, et qui semblaient se livrer. Mais on ne voyait rien dans cette eau pure.

En retournant au Désert, — après avoir versé à son créancier les intérêts « légitimement dus », comme disait toujours M. de Légé, — Daniel songeait au nouveau curé de la Jemaye. Éclairé à la lumière des faits, ce personnage, avec ses airs de franchise et d’ingénuité lui inspirait de la méfiance.

« Hum ! hum ! se disait-il, l’homme qui a su s’introduire dans la maison de Légé, se donner du crédit près du père, prendre une autorité absolue sur la fille, qui a manœuvré assez adroitement pour écarter les prétendants et l’emporter, avec un neveu sans fortune, sans figure et sans esprit, sur des jeunes gens à la mode comme le comte de Marcily, sûrement cet homme-là n’est pas un imbécile ni un naïf. S’il s’exile dans une petite paroisse de la Double, lui qui paraît ambitieux, il a des raisons pour cela ! »

Et Daniel formait des hypothèses…

Rentré chez lui, bientôt il fut distrait de ses imaginations lorsqu’il serra la quittance du cousin dans son tiroir à peu près vide d’argent. Tout au plus y demeurait-il quelques écus, à peine suffisants pour payer le collecteur !… Cependant il aurait bien voulu se munir de quinquina : car, à la suite des chaleurs estivales qui avaient desséché les marécages et les queues des étangs, la fièvre sévissait cruellement… Et puis le docteur songeait à son mémoire : il lui aurait fallu deux ou trois cents francs pour le faire imprimer…

Après avoir longuement supputé ses ressources