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désire pas plus me voir à cette noce, j’imagine, que je ne désire y aller ! »

Et il s’excusa par lettre, alléguant le défaut de costume de cérémonie, — ce qui n’était pas un mensonge…

Ce mariage fut le dernier fait à la Jemaye par le brave curé : peu après, il eut la satisfaction d’être transféré à la cure de Vauxains, qu’il ambitionnait depuis longtemps, ses propriétés se trouvant tout près du bourg. Il fut remplacé à la Jemaye par M. l’abbé de Bretout, le vicaire de Ribérac. C’était certainement pour celui-ci une situation très inférieure à son mérite, mais il l’acceptait d’autant plus volontiers qu’il l’avait sollicitée « pour ne pas quitter son cher neveu et sa chère nièce », disait-il.

Daniel fit la connaissance du nouveau curé le jour où il fut à Légé porter à son cousin les intérêts de sa dette. En attendant le retour de M. de Légé, qui était allé dans une de ses métairies, l’abbé de Bretout, à l’aise comme chez lui, tint compagnie au docteur, les jeunes époux n’étant pas revenus de voyage. Le ci-devant vicaire de Ribérac était un homme grand et maigre comme son neveu, mais beaucoup mieux de sa personne ; et, surtout, l’oncle était un homme intelligent, tandis que le neveu était un sot. Très habilement, l’abbé, après les premières politesses, vanta au visiteur ses projets d’assainissement et le loua fort de s’être proposé une œuvre aussi éminemment profitable au bien public. Il parlait simplement, avec une irréprochable courtoisie et une bonhomie qui s’étonnait de maintes choses toutes naturelles, comme aurait pu faire celle d’un novice enfermé dans la Chartreuse de Vauclaire. Il souriait bénignement et ouvrait de grands yeux lim-