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manifestait, il prit confiance et maintint dans l’eau la petite malade qui n’était plus capable de porter sa tête. Pendant ce temps, la Cadette, sur son ordre, changeait les draps et refaisait le lit…

Ainsi, chaque jour, quatre ou cinq fois, il réitérait ces bains, sans que l’état de la pauvre fille parût s’améliorer notablement ; la fièvre pourtant diminuait un peu.

Mais, le quinzième jour, les symptômes alarmants cédèrent : le pouls apaisé, plus de convulsions ni de délire, une prostration moins profonde ; les membres peu à peu recouvraient leur souplesse, et la malade enfin eut quelques heures de bon sommeil…

Daniel fut très heureux de cette cure. Le succès de son expérience en elle-même, la satisfaction d’avoir trouvé un nouveau moyen de combattre et de vaincre la terrible affection, et, par-dessus tout, la joie infinie d’avoir sauvé une existence, — tout cela le remplissait d’une félicité merveilleuse et naturelle, d’une fierté recueillie, qui se trahissaient par un léger sourire quand sa pensée s’arrêtait sur cette guérison dont il avait presque désespéré. Il en oubliait ses rêves d’amour et le chagrin de sa rupture avec Minna. Ces choses personnelles s’évanouissaient devant le sentiment de son devoir humain qui pénétrait tout son être et lui élevait le cœur.

Cependant, quelque foi qu’il eût dans la guérison de Sylvia, le docteur n’oubliait pas que trop souvent une complication brusque emporte un malade en pleine convalescence, et il continuait ses visites au moulin. Son principal souci était d’empêcher une suralimentation dangereuse, et, comme il ne se fiait guère à la Cadette, il n’avait pas manqué de faire comprendre à sa fille la nécessité de se modérer en cela.