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rant tirer de son examen quelque motif de décision.

— Tu te rendras malade, toi aussi ! lui dit la Grande, une fois qu’il était venu dîner à la hâte.

À cela Daniel, absorbé dans ses réflexions, ne répondit rien, et, se levant, il repartit pour Chantors.

Le douzième jour, tous les phènomènes morbides s’exacerbèrent avec une véhémence qui alarma Daniel et lui fit sentir la nécessité de se résoudre. Deux partis s’offraient à lui : ou laisser la maladie marcher très probablement vers une terminaison mortelle, en continuant des remèdes inutiles, ou tenter un dernier moyen de salut qu’il supposait efficace… Il demeura, une minute, immobile, les yeux fixes, résumant au plus vite en lui-même tout ce qu’il s’était déjà dit pour ou contre ; puis il conclut mentalement : « Le médecin qui le premier saigna un malade faisait une expérience… »

Et, ouvrant la porte par laquelle on communiquait avec le moulin, il avisa un cuveau à lessiver placé dans un coin et le roula dans la chambre :

— Il faut le garnir d’eau, dit-il à la Cadette. Allons ! réveillez-vous ! ajouta-t-il, en voyant que, selon son habitude, elle tardait à se mettre en mouvement.

Le cuveau plein aux deux tiers, la bonne femme se lamentait en ôtant la chemise de sa fille : « Jamais elle n’aurait la force de soulever cette drôle… non, jamais ! » disait-elle, en la lâchant sur le lit après un essai peu énergique. Voyant cela, Daniel, impatienté saisit dans ses bras ce pauvre corps torturé par le mal et le déposa dans le bain.

Ce ne fut pas sans émoi qu’il attendit le résultat de l’immersion. Mais, comme aucun trouble ne se