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— Allez-vous-en, et ne vous amusez pas en route : je serai au moulin aussitôt que vous.

Après avoir déjeuné à la hâte, le docteur monta à cheval et partit pour Chantors. À un demi-quart de lieue avant d’arriver, il trouva la Cadette quillée sur le chemin, bavardant avec une vieille femme qui touchait des gorets à la glandée.

— C’est comme ça que vous vous pressez ! fit-il.

Et, mettant sa jument au trot, il passa…

Dans l’un des lits de la chambre du moulin, la petite Sylvia, rouge de fièvre, était couchée sur le dos, rêvassant et murmurant des paroles sans suite. Lorsque Daniel s’approcha, elle essaya un sourire qu’elle ne put achever. Interrogée affectueusement, elle répondit pourtant au docteur pendant qu’il lui tâtait le pouls : « Sa gorge était sèche, elle avait grand soif, le ventre lui doulait, et puis elle avait envie de vomir. »

À ce moment, survint la mère, qui, d’emblée, voulut donner son avis : « C’était un feu… »

— C’est bon, laissez-moi faire ! interrompit Daniel, un peu impatienté.

Et, palpant la petite, il l’interrogea doucement :

— Est-ce que ça te fait plus de mal quand je presse là ?

— Oui…

Lors, rabattant la couverture, il demanda qu’on lui donnât du miel dans une cuiller et fit prendre à la malade du quinquina.

— Ne me laisse pas mourir, maître… dit-elle faiblement, après avoir avalé.

— Sois tranquille, ma petite, répondit-il en lui caressant les cheveux, je te tirerai de là, ce ne sera rien… Maintenant, je vais aller chercher des remèdes