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nouilla devant moi pendant que Séverine était allée chercher ma mante fourrée… Ah ! il me le dit assez, qu’il serait le plus fortuné des hommes d’être mon esclave ! Je suis sûre que, fussé-je huguenote ou juive, il serait trop heureux de m’épouser.

— Je le crois aussi !

Minna réfléchit, une minute, sur la signification de ces dernières paroles, puis, tout à coup, elle battit de ses petites mains en l’air.

— Mon Dieu que je suis sotte. Daniel ! Ma toilette est ici : je vais la mettre, et, quand vous me verrez dans toute ma beauté, vous vous agenouillerez devant moi et vous ferez tout ce que je veux !… Quelle bonne idée !… Attendez là : je vous enverrai querir par Séverine… N’est-ce pas ? Qui ne dit rien, consent… Je cours !

« Pauvre petite tête ! » murmurait Daniel, la voyant s’éloigner aussi vite que le permettait son étroit fourreau.

Et, un instant après, lorsqu’elle eut disparu, il alla prendre sa jument à l’écurie, l’enfourcha et piqua des deux.


En cheminant par les sentes des bois et des bruyères, Daniel réfléchissait à ce qui venait de se passer. Un combat se livrait entre son cœur et sa raison. Cette jolie créature, légère et futile, qu’était sa cousine, il l’aimait malgré tous ses défauts. Les propos naïfs de Minna, sa grâce mutine, les détails qu’elle avait innocemment fournis sur la beauté de son corps troublaient les sens du jeune homme. Il se la représentait dans le costume qu’elle avait décrit, montrant ses bras « divins » et ses « adorables » épaules, si fort admirés par madame de Marcily, et se demandait ce