Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

harpe, les fêtes profanes ou religieuses, et surtout les bals…

— Pour le bal, je l’avoue ! C’est si amusant de danser !… Ah ! Daniel ! si vous m’aviez vue à la sous-préfecture, le soir du mardi gras, vous n’auriez pas le cœur de me reprocher ce plaisir !

— Mais l’abbé de Bretout ne vous a-t-il pas fait lui-même de reproches à cet égard ?

— Comment l’aurait-il pu ? Son neveu était mon cavalier et sa belle-sœur me chaperonnait !… Mais écoutez que je vous dise ma toilette. J’avais un joli fourreau décolleté en mousseline blanche des Indes, garni d’une guirlande de myosotis artificiels, et puis un collier, des bracelets et une couronne de fleurs pareilles… Ah ! si vous m’aviez vue, que j’étais belle ! La vieille marquise de Marcily me le disait dans le petit boudoir : « Ma mignonne, vous êtes la plus délicieuse créature que je vis jamais ! Vous avez des bras divins et les plus adorables épaules du monde ! Souffrez que je les baise à l’intention de mon petit-fils que vous affolez !… » Et puis elle me l’a présenté : « Monsieur le comte de Marcily ! » Et elle m’a demandé pour lui la prochaine valse, ce qui a fait faire grise mine à monsieur de Bretout… Ah ! que c’est amusant, le bal !

— De votre naïf enthousiasme même, Minna, il résulte que si vous aviez le choix, vous préféreriez de beaucoup au séjour, je ne dis pas de la vieille maison du Désert, mais du château de Légé, celui de la ville, où l’on va au bal, où l’on trouve de vieilles douairières complimenteuses et d’élégants gentilshommes recommandés par elles… Gageons qu’il ne vous serait pas désagréable de vous appeler madame la comtesse de Marcily ? ou madame la vicomtesse de