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— Diable ! c’est grave !… Pourtant vous êtes jeune, jolie et riche : voilà trois bonnes raisons pour tenir à la vie… Voyons un peu ce pouls ?… Pas de fièvre… Montrez-moi votre langue, je vous prie.

Minna tira au docteur sa langue rose et pointue, avec une petite mine d’enfant moqueur.

— Allons, ce ne sera rien, fit Daniel en souriant ; voici mon ordonnance… Vous allez vous lever, puis manger quelque chose : deux œufs à la coque, une aile de poulet, par exemple, en buvant un verre à bordeaux de vin vieux…

— Eh bien, Minna, demanda M. de Légé, croyez-vous que vous allez pouvoir, en effet, vous lever ? J’ai besoin d’aller à Ribérac chez mon avoué, pour affaires pressantes ; mais je ne veux pas vous quitter sans être rassuré pleinement.

— Si ce n’est que cela, mon père, vous pouvez partir sans crainte : je vais obéir à la Faculté de point en point…

Redescendu avec Daniel, M. de Légé appela Gary :

— Bridez mon cheval et bouclez mon manteau sur la selle : le temps n’est pas sûr.

— Mon cousin, dit alors Daniel, je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter aucunement de l’état de votre fille. Cependant, comme il y a de certaines questions que je ne peux lui faire, je vous conseille d’appeler votre médecin habituel, le vieux docteur Gauriac, qui la connaît depuis son enfance… Et puis, pour parler franc, je ne voudrais pas que mon honoré confrère se figurât que je cherche à le supplanter.

— Je vous remercie, Daniel, je suivrai votre conseil, dit M. de Légé en mettant le pied à l’étrier.