Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Là ! ne vous fâchez pas ! C’est tout bonnement le vicaire du doyenné, mon confesseur.

Et alors elle raconta qu’interrogée en confession elle avait dû faire connaître à ce « saint prêtre », comme elle dit, l’existence d’un sien cousin avec qui elle avait les meilleures relations d’amitié. Sur quoi le dit monsieur de Bretout lui avait défendu toute communication avec le cousin, même les envois subséquents de quinquina, pour cette raison de prudence que le démon se servait fréquemment de moyens louables en eux-mêmes afin de perdre les âmes.

— Et ce saint homme, quel âge a-t-il ? demanda le jeune homme, ironique.

— Une cinquantaine d’années, je suppose…

Daniel réfléchit, un moment :

— Mais il a un parent jeune, n’est-ce pas ?

— Oui… il a un neveu, le vicomte de Bretout, qu’il nous a présenté, et qui venait souvent à la maison… C’est même lui qui m’a appris à monter avec une selle anglaise.

— J’admire comment ce prudent confesseur, si chatouilleux sur l’envoi à un cousin d’un médicament destiné à de pauvres gens, est si tolérant pour ces leçons d’équitation données par un étranger !… Mais que deviendrez-vous lorsque ce rigoureux directeur saura votre démarche d’aujourd’hui, et que vous vous êtes laissé baiser la main ?

Minna eut un sourire mutin :

— Il ne le saura pas !… Ici je me confesse à notre bon curé, qui me connaît dès l’enfance et qui est très indulgent pour moi.

— Ainsi, répliqua Daniel, stupéfait, vous avez deux âmes distinctes, selon que vous êtes à Ribérac ou à Légé ! Ce que vous n’eussiez pas permis à la