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haussait la tête en arrière pour regarder Minna qui lui souriait. Pendant qu’ils allaient ainsi, au petit pas, elle l’interrogea sur ses occupations de l’hiver.

— Je visitais quelques malades, aux alentours ; et puis j’ai rédigé mon mémoire.

— Vous me le montrerez ?

— Certainement, lorsqu’il sera parachevé. Mais ce ne sera pas très intéressant pour vous.

— Pourquoi dites-vous cela ?… Oh ! la jolie fleur !

Et, dégageant sa jambe de la corne de sa selle, Minna se laissa lestement glisser à terre pour la cueillir.

Mais Daniel l’avait prévenue et lui présenta la fleur.

— C’est la ficaire, dit-il.

Elle considéra, un instant, cette belle fleur jaune étoilée, puis, relevant sa longue jupe sur son bras, elle marcha près de son cousin, qui menait la jument par les rênes passées au pli de son coude.

— Vous voyez que j’ai suivi votre conseil, dit-elle, je monte à l’anglaise.

— Je n’y avais pas pris garde, répondit-il préoccupé.

Ils avancèrent quelque peu, sans parler davantage, sur l’étroit chemin semé de pâquerettes, puis, Daniel demanda tendrement :

— Ne me direz-vous pas maintenant, Minna, pourquoi je n’ai pas eu de vos nouvelles ?

— C’est bien simple, fit-elle avec aisance ; monsieur de Bretout ne l’a pas voulu.

— Et qui est ce monsieur qui a tant d’autorité sur vous ? interrompit-il brusquement, avec un violent haut-le-corps.

Elle se mit à rire :