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quelque peu sorcier, qui était considéré des paysans et même un peu craint : car, outre le pouvoir de guérir la maladie, qu’on lui attribuait en raison de quelques heureuses coïncidences, on lui croyait aussi celui de jeter des sorts sur les hommes et les bêtes.

« La nature humaine est la même partout, sauf les modifications dues au milieu, pensait Daniel ; ce bonhomme tient à sa réputation tout comme Broussais ou Récamier ! »

Ayant ainsi conclu mentalement, et comme il arrivait à la croisée de deux chemins, il leva la tête et aperçu venant à lui M. Cherrier sur sa mule.

— Je t’apporte les renseignements de la commune de Saint-Étienne, dit le notaire en serrant la main du docteur, après avoir mis pied à terre. Mais ça n’a pas été sans peine ! Le maire, qui demeure hors de la commune, ne savait seulement pas où étaient les registres et les papiers. Nous les avons retrouvés pièce à pièce dans des tiroirs, au fond d’un placard, et sur le haut d’une armoire à linge…

En suivant ces propos, ils atteignirent le Désert.

— Ha ! monsieur Cherrier, vous arrivez bien à la bonne heure ! s’écria la Grande. Il y a dans le charnier, vous attendant, un beau lièvre au croc !

— Ça va bien, Sicarie ! mets-le à la royale ! tu as tout le temps : je couche ici.

— Tant mieux, monsieur Cherrier ! vous nous direz quelque joli conte, ce soir, à la veillée !

Bientôt survint Mériol, qui traînait par le licol la bourrique prêtée quelque peu auparavant à l’homme de Saint-Étienne.

— Eh bien, interrogea Daniel, pourquoi ne la rendait-il pas ?

— Il en avait besoin.