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naux, la bicoque était bâtie de bois et de torchis. Le terrain qui l’entourait, jadis cultivé, était envahi par les ronces, les herbes folles et des bruyères rases sous lesquelles se distinguaient encore les sillons : il semblait que l’homme eût renoncé à tirer sa nourriture de cette terre ingrate.

« Serait-il malade ? » se demanda le docteur. Et, ayant heurté à la porte, il entra.

Sur une méchante paillasse bourrée de fougères encadrée d’un châlit fait à la hache, le vieux gisait couvert de peaux de brebis amoncelées.

— Hé bien, Gondet, ça ne va pas ! interrogea Daniel en voyant les yeux brillants et la face rouge du malade, qui traversait en ce moment le stade de chaleur. Ces coquines de fièvres, hein ?

— Que non !

— Comment ! fit le docteur en lui prenant le poignet, vous n’avez pas la fièvre ?

Non, il ne voulait pas avoir les fièvres, le vieux Gondet. Comme il disait : « Un médecin des fièvres, les avoir, ça ne se pouvait ! Que penseraient les gens, s’ils le savaient ?… » Pourtant, après avoir longuement nié, il finit par convenir que ses remèdes n’y avaient rien fait…

— Votre secret vaut mieux que le mien, dit-il piteusement au docteur ; vous avez guéri Jannic, puis les drôles de Chantors…

— Et je vous guérirai aussi, comme eux, si vous le permettez !

— Si vous m’enseigniez votre secret, j’aimerais mieux ça.

— Mais je n’ai pas de secret ! C’est une poudre que je fais prendre…

— Oh ! les drogues, ça n’est rien ! répliqua le vieux.