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pas, les fièvres, à la suite de l’asséchement, disparaissaient du bourg, la preuve était faite et serait chaque dimanche sous les yeux des gens de la commune assemblés ; mais ce diable de propriétaire ne paraissait pas disposé à cette épreuve.

Daniel en était à ce point de ses réflexions lorsqu’il s’entendit héler :

— Monsieur le docteur !

Il se retourna. C’était le curé de la Jemaye, monté sur sa vieille jument blanche à tête de veau, avec de grosses touffes de poil aux paturons.

Le futur régénérateur de la Double s’arrêta pour échanger les politesses d’usage avec le curé ; puis ils continuèrent leur chemin en devisant. Comme le prêtre, incidemment, déclarait habiter la Jemaye depuis quinze ans et n’avoir eu que deux ou trois accès de fièvre jadis, le docteur lui demanda, en considérant sa bonne figure rose de santé, à quoi il attribuait cette immunité relative.

— D’abord, je passe quatre jours par semaine dans ma propriété de Vauxains, en plein terrain calcaire ; ensuite, je ne bois jamais d’eau de la Double.

— Mais en disant la messe ? objecta Daniel en riant.

— Oh ! quelques gouttes…

— Vous pourriez bien avoir raison, fit le docteur. Depuis que je pérégrine dans les communes, j’étudie avec une forte loupe les eaux des puits et des fontaines, et il me semble apercevoir une relation de cause à effet entre la plus ou moins grande quantité de corpuscules dont elles sont chargées et l’intensité des fièvres qui règnent dans la localité… Au reste, je n’ai rencontré que peu de paysans exempts de la fièvre, et, parmi ceux-ci, l’adjoint d’Échourgnac ; mais il