Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

contenait des paquets de quinquina, sans plus. Il fut désappointé de n’y trouver ni lettre ni même un simple billet. Il avait espéré que sa cousine profiterait de cette occasion pour communiquer avec lui, et son silence le contrariait fort. Quoi ! pas un mot d’envoi !… « Mon cousin, je vous envoie du quinquina pour nos fiévreux » : avec quel plaisir il eût accueilli ce discret possessif, témoin de leur intelligence concertée !

Cependant, à la réflexion, Daniel voulut oublier ce léger déboire en considération de l’envoi lui-même. L’essentiel, après tout, c’était de pouvoir, en collaboration avec Minna, guérir quelques pauvres diables de fiévreux…

Dès le lendemain, malgré la pluie qui annonçait le retour de la mauvaise saison, il reprit sa visite des communes et la continua tout le reste de la semaine. Partout, avec plus ou moins de difficultés, il put recueillir des documents, relever des chiffres et noter des faits particuliers ou généraux. Mais partout de même il observa des étonnements, des demi-sourires incrédules, parfois hostiles.

On lui faisait des objections : « Dessécher les étangs ! Cette idée n’était venue à personne depuis que la Double était Double. Après tout, ces étangs qui, sans exiger aucun travail, fournissaient un revenu certain en poisson, n’étaient peut-être pas la cause des fièvres qui désolaient le pays !… Et par quoi les remplacerait-on ? par des prairies qu’il faudrait d’abord créer à grands frais, et dont la nécessité ne se faisait pas bien sentir, puisque de temps immémorial les bêtes aumailles et de somme pacageaient dans les bois. »

L’éventuelle indemnité ne rencontrait guère de