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sanglier ni d’une coiffe… Vous pensez bien qu’il ne s’offusquera pas de tabler avec un huguenot !

— Alors, j’accepte…

— Curé, tu te fais attendre ! fit M. de Fersac lorsque arriva l’autre.

— Excusez-moi : j’étais allé voir un malade.

— Bon ! bon ! je ne te demande pas tu étais… Tiens, voici monsieur le docteur Charbonnière, qui déjeune avec nous. Il est de ceux de la vache à Colas, mais ça n’est pas pour te couper l’appétit !

— Ma foi non !… Heureux de faire votre connaissance, monsieur le docteur, dit le curé, vigoureux jeune homme de figure sympathique.

— Alors, à table ! s’écria M. de Fersac.

Dans une salle aux boiseries de chêne un peu vermoulues par le bas, le couvert était mis. Une forte odeur de fourrure se dégageait des peaux de loups, de renards, de blaireaux, étendues çà et là sur le carrelage. Une énorme hure de sanglier naturalisée était fixée dans un panneau, ainsi que des bois de chevreuils auxquels pendaient une trompe, un cornet d’appel, un couteau de chasse et des fouets. Au-dessus de la cheminée, des fusils au râtelier ; sur la tablette, des cornes à poudre, des sacs à plomb et d’autres accessoires. Dans un coin de la salle étaient accotés debout, en qualité, des bâtons de toutes sortes : — ceps de vigne comme ceux des centurions romains, « penbas » bretons en frêne, « makilas » basques garnis de cuivre, « billons » périgordins en dur chêne « drougue », pesants gourdins de brigands, bâtons normands à la poignée de cuir ; bâtons des Pyrénées avec pique en fer, bâtons de houx, bâtons d’épine à lanière et d’autres encore…

Les convives s’assirent sur des chaises dépareillées,