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Parfois le vent étant tombé depuis l’aube, à travers une déchirure du voile épais qui assombrit la terre, quelques rayons de soleil passent et projettent une lumière divergente sur un coin de paysage qui s’éclaire un instant, pour rentrer bientôt dans un demi-jour terne lorsqu’un nuage aveugle la trouée lumineuse.

Puis, le vent se réveille et fouette les nuées qui fondent en giboulées, et criblent la terre d’une pluie cinglante mêlée de grêlons, souvent. Après l’ondée, les cumulus arrondis accourant toujours en masses serrées, s’amoncellent et se chevauchent, pour se résoudre en une nouvelle « horée », ou pluie d’une heure.

Après les grains, s’il survient une accalmie suffisante, le paysan s’en va aux champs, sème les avoines de printemps et les fourrages artificiels : sainfoin, luzerne et trèfles. Dans les terres, les blés verts pointent sur le sillon et réjouissent ses yeux s’ils sont d’une belle venue. Lorsque le dégel a fait boursoufler la terre et déchaussé :

Le brin d’herbe sacré qui nous donne du pain,
il passe le rouleau sur le champ pour le raffermir.

Devant lui des vols d’alouettes s’enlèvent, papillonnent un moment pour après s’aller abattre plus loin, tandis que sur les coteaux secs, dans les bruyères, les perdrix se recherchent et s’appellent pour la pariade.

Tout dans la nature annonce le prochain réveil des êtres et des choses. Sous l’herbe, au pied des haies, fleurit la violette que nous appelons « fleur de mars » ; et sur les pentes arides et le long des talus pierreux, le buis façonne ses petites