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Et pendant que ces derniers migrateurs nous quittent, vient la sauvagine : sarcelles, poules d’eau et canards de toutes les espèces qui s’abattent sur les rivières, les ruisseaux et les étangs.

Un pâle soleil d’hiver perce à peine les vapeurs terrestres et apparaît comme à travers un immense écran. Il semble avoir à peine la force de s’élever sur sa route céleste : Ses rayons sans chaleur, impuissants à réchauffer la terre et les êtres, sont le dernier regard de l’astre-dieu qui se meurt pour renaître à la Noël.

Et lorsqu’il est tombé sous l’horizon, il semble que tout défaille dans la nature. Un crépuscule blafard descend, rapide, et enveloppe la campagne d’une ombre triste qui, en s’épaississant progressivement, fait peu à peu disparaître les choses extérieures et enfin les plonge dans la nuit.

Alors le « calel » s’allume dans la maison du paysan, et la famille soupe, maigrement. Puis, comme c’est le temps où, dans la veillée, on « énoise », des voisins viennent aider, garçons, filles, bonnes femmes anciennes : et, autour de la table, le bruit des maillets se mêle aux histoires de revenants, et aux rires des filles embrassées par le galant qui leur fait passer le « cacalou ».

Dans la journée, le paysan fait de petits travaux de saison ; il cure les rigoles des prés, coupe des fagots, émonde les haies, ébranche les arbres et balaie la feuille des bois pour faire « paillade » au bétail.

L’homme a emporté son fusil et l’a caché dans le creux d’un châtaignier. Après avoir fait de grands « pilos » de feuilles, avisant le moment où nul ne