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qui en faisaient des gâteaux et des tourtes, ou le mangeaient avec du lait ou du bouillon, est abandonné aux canaris et aux « cardils » qu’on tient en cage. On ne sème plus guère non plus l’épeautre, le millet, la garraube, souvent mentionnés dans les anciennes « baillettes » à colonage.

Les semailles faites, les gens s’en vont ramasser les châtaignes et les noix. Le vent secoue les arbres et achève de faire tomber les bogues éclatées comme des grenades. Avec une petite branche fourchue, hommes et femmes cherchent sous les feuilles et dans la « palène » desséchée. Mais aussi bien qu’ils fassent, il restera toujours quelque châtaigne qu’un rat emportera dans sa cachette, ou qu’un lièvre rongera cet hiver : il faut bien que tout le monde vive. Les noix tombent moins facilement ; un homme doit monter sur l’arbre et les gauler.

À cette heure, les feuilles des bois ont pris des teintes variées selon la nature des essences. Dans les grands taillis qui moutonnent au loin sur les coteaux, le feuillage couleur de tan des chênes, se mêle aux feuilles jaunes des châtaigniers, au roux bistré et au bronze rouillé d’autres espèces. Avec des restes de verdure terne, ces tons divers se fondent dans les massifs lointains, en ces belles couleurs amorties des bois à l’automne, sur lesquelles éclate par endroits la pourpre cramoisie des cerisiers sauvages.

C’est le temps des grandes tempêtes de l’équinoxe d’automne. Après les premières gelées blanches, les feuilles mortes fouettées par le vent, battues par la pluie cinglante, tombent des arbres en papillonnant et roulent sur les chemins ; ou