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THERMIDOR

Tire lire, tire lire lire…… Dès le matin, la gente alouette monte par soubresauts vers le ciel. C’est l’heure d’aller dans les terres : tire lire lire…… L’homme prend sa pioche ou son « bigot » et part. Tire lire lire…… La petite chanson de l’oiseau gaulois anime la terre au réveil. Au-dessus de la solitude des champs, des sillons, où les toiles d’araignées s’emperlent de la rosée nocturne, la mignonne bestiole monte toujours et force sa voix à mesure qu’elle s’élève. Tant elle monte qu’on la perd de vue sans cesser d’entendre son gai tire lire lire……

Longtemps, elle se soutient dans la nue, saluant le soleil levant. Puis, ayant achevé son hymne joyeux, elle redescend, se laisse brusquement tomber à terre et ne chante plus. Il y a entre ce petit oiseau et l’éléphant ceci de commun, qu’ils semblent avoir quelque religion naturelle. Le pachyderme géant, après ses ablutions matinales, hausse sa trompe vers le soleil comme un bras suppliant, et, immobile, contemple en silence l’astre-dieu. Il semble méditer ou faire une oraison jaculatoire, pour parler le langage dévot.

L’alouette est l’oiseau des champs, dit Michelet ; sa petite chanson encourage et soutient le laboureur et lui chante l’espérance. La vérité est moins poétique. Le paysan ne fait guère attention à ce petit être emplumé ; il est trop occupé pour sentir