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d’eau bénite, s’avance gravement. Devant l’amas de bois, il s’arrête et récite les prières liturgiques.

Ayant achevé, il ferme son livre, asperge le bûcher, et au moyen d’un cierge il l’allume. Puis, tandis que la flamme crépite et darde vers le ciel ses langues pointues, il rentre dans l’église, laissant ses paroissiens farandoler autour du feu rituel.

Ainsi les druides célébraient la fête du solstice, en allumant un feu, image symbolique du soleil.

À cette époque de la Saint-Jean, les fenaisons sont avancées. Il y a même des cantons du Périgord où ceux qui doivent le passage sur leur pré à un voisin enclavé, sont obligés de le livrer ce jour là, qu’ils aient fauché ou non. Puis, comme à la campagne, à peine a-t-on fini un travail qu’un autre se présente ; pendant qu’on achève les foins, les moissons mûrissent. Dans les terres, les blés ondulent en larges vagues et penchent leur tête roussie par le soleil, que la tige a peine à porter.

Çà et là, à travers la forêt de tuyaux, les coquelicots piquent leur note éclatante, tandis que plus discrètement se montrent les pieds-d’alouette et bluets, ou barbeaux, avec lesquels les « drolettes » se tressent des couronnes.

Le paysan, lui, ne voit pas avec plaisir toutes ces fleurs qui font la joie des petites citadines aux champs ; ce sont de mauvaises herbes. Enfin, la récolte est mûre, les moineaux pillards s’abattent par volées sur les épis qui laissent échapper des grains dorés ; les cigales, collées au tronc des arbres, chantent follement ; il est temps de prendre la faucille en main.