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de Jésus de Nazareth comme un fait historique indubitable, l’instrument de ce supplice chez les Romains avait la forme d’un T, d’une potence à deux bras où l’on attachait les condamnés, et non celle que les chrétiens lui ont donnée depuis par une habile confusion. Le signe de la croix, d’ailleurs, était un symbole vénéré dès les origines du monde, parce qu’il représentait l’instrument primitif, les deux bâtons opposés avec lesquels les premiers hommes avaient par le frottement obtenu le feu sauveur.

L’impression ineffaçable produite par ce fait se perpétua par la représentation du signe symbolique qui le rappelait, signe qu’on a retrouvé sur des monnaies frappées bien antérieurement au christianisme, en Grèce, en Chypre, en Gaule ; sur des ornements de dieux païens, sur des monuments préhistoriques de l’âge de la pierre et du bronze ; en Irlande, en Afrique, aux Hébrides, en Chine, dans l’Inde, en Égypte, en Assyrie, en Phénicie, au Mexique, jusqu’à la Nouvelle-Zélande, partout. Les sectateurs de Mithra, qui se le tatouaient sur le front, l’avaient recueilli vraisemblablement dans les traditions de l’humanité naissante et, à leur exemple, les chrétiens l’adoptèrent avec beaucoup d’autres symboles, rites et cérémonies empruntés à la religion mithriaque.

Ainsi, on pourrait saluer philosophiquement la croix, qui a procuré à l’homme sa première et plus précieuse conquête :

Salut, croix génitrice, image symbolique,
Du feu divin ravi par l’homme audacieux,
Au tout-puissant Mithra, qui règne, magnifique,
Au plus profond des vastes cieux !