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espérances de récolte. Sa propriété est ordinairement composée d’un noyau et de pièces séparées quelquefois, comme le veut la nature des cultures.

Aux pentes d’un « terme » est sa vigne avec une cabane ronde couverte de pierres plates en cul de four. Au-dessus, des friches, des bruyères avec une douzaine de châtaigniers à fruits et, à la cime, un taillis ou « garrissade » aux chênes clair-semés qui, avec le récurage des arbres de bordure, lui fournit le chauffage.

Dans la combe sont ses terres à blé, plantées de quelques noyers qui lui donnent l’huile à manger et celle du « calel ». C’est là aussi qu’il sème ce « blé rouge » où grimpent les haricots, ce maïs proscrit par la savante agriculture, mais qui pourtant sert à élever la volaille, à engraisser les cochons — parlant par respect — et qui fait ces bons « millassous » cuits dans la tourtière, et ces bonnes « rimottes » frites dans la poële, à l’huile de noix. S’il joint à cela un champ en terrain plus léger pour faire des pommes de terre, le voilà un peu plus à l’aise. Enfin, s’il a plus bas dans la plaine — dans une « rivière », comme il appelle un vallon arrosé par un cours d’eau — un petit pré suffisant pour tenir une paire de veaux de harnais pendant le temps des labours, et une bourrique pour faire du fumier et transporter sa « besogne » à l’ « oustal », il a le nécessaire.

Ce n’est pas lui qui demande la comassation que voudraient imposer des agriculteurs en chambre. Il sait qu’il lui faut des terres de qualités différentes pour ses diverses cultures : des bois pour le chauffage, et même des friches en mauvais