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noue les sarments de la taille en un petit faisceau appelé « javelou » en patois, très idoine à faire les crêpes au temps des vendanges, et dont la flamme claire chassera l’humidité des premiers jours de brumaire.

Çà et là, dans les combes, sur les croupes arrondies, le bouvier, en tablier de cuir, fait les semailles de printemps, après avoir épandu le fumier sur la terre qui lui rendra ce fient en produits nourriciers.

À l’orée d’un pré, contre une bordure de chênes, la bergerette garde ses brebis en faisant sa chausse, tandis que l’aïeul, armé d’un « piochou » léger qui lui sert aussi de bâton, abat les taupinières. S’il n’est guère ingambe, le « grand » plante au jardin des laitues qui feront des salades rafraîchissantes pour le « merenda » au temps des « métives ».

Sur le toit de la fuie bourgeoise, les pigeons roucoulent à force et, dans la cour des métairies, les coqs d’Inde énamourés rouent autour de leurs femelles avec des gloussements détonants et des bruits d’ailes stridents.

Le printemps astronomique arrive le premier germinal ou vingt et un mars, mais le printemps vrai retarde quelquefois, comme les hirondelles, malgré le dicton :

Per sen Jose
L’iroundelo ve.

En cette saison encore indécise, l’hiver a parfois des retours offensifs. Dans la semaine sainte, par exemple, le mauvais temps vient assez régulièrement, comme l’omelette traditionnelle de Pâques, appelée pour cette raison pascado en de certaines