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— Voir mon homme, répondit ma mère.

— Et qui est celui-là, votre homme ?

— C’est Martissou, de Combenègre.

— Ah ! l’assassin de Laborie… Eh bien, vous ne pouvez pas le voir sans permission ; mais son avocat est avec lui en ce moment : attendez-le quand il sortira.

Et le guichet se referma.

Ma mère s’assit sur le montoir de pierre près de la porte, et moi, curieux, je reculai de quelques pas pour regarder ce vieil Hôtel de Ville qui avait vu passer tant de générations. C’était un assemblage de bâtiments irréguliers, inégaux, solidement construits pour résister à un coup de main. D’un côté un large et massif corps de logis percé de baies grillées, haut de trois étages et terminé en terrasse crénelée. De l’autre, une sorte de pavillon carré plus étroit, avec une toiture pointue. Entre ces deux bâtiments, dans une construction moins haute surmontée d’un mâchicoulis, s’ouvrait la porte dont j’ai parlé, qui, par une voûte, conduisait à une petite cour intérieure. Autour de cette cour et, attenant au reste de l’édifice, étaient accolés d’autres bâtiments, quelques-uns ajoutés après coup. Le tout était dominé par la tour carrée du beffroi, haute, à créneaux, avec des gargouilles aux angles et un toit très aigu surmonté d’une girouette.

Tandis que je regardais tout ça, la porte se rouvrit et un jeune monsieur dit à ma mère :