grand alors, ni encore, ma mère avisa une maison vieille et pauvre d’apparence, où, dans un trou du mur, on avait planté pour enseigne une branche de pin, et, la porte étant ouverte, elle entra.
Une bonne vieille avec une coiffe à barbes, un fichu à carreaux croisé sur sa poitrine, et un devantal ou tablier de cotonnade rouge, assise sur une chaise, filait sa quenouille de laine près de la table. À la salutation de ma mère elle répondit par une franche parole :
— Bonsoir, bonsoir, braves gens !…
Interrogée si elle pouvait nous donner un peu de soupe et nous faire coucher, elle répondit que oui, mais que, comme elle n’avait plus qu’un lit, l’autre ayant été saisi pour payer les rats de cave, il nous faudrait coucher dans le fenil.
— Oh ! dit ma mère, nous dormirons bien dans le foin.
— Eh bien donc, approchez-vous du feu, reprit la vieille.
Et lorsque nous fûmes assis, comme on est curieux dans les petits endroits, principalement les femmes, la vieille se mit à questionner ma mère, tournant autour du pot, pour savoir où nous allions et à quelle occasion. Tant elle avait l’air d’une brave femme, que ma mère lui raconta tout par le menu, les misères qu’on nous avait faites, les canailleries de Laborie, et comment mon père avait tiré sur ce régisseur des