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vit entrer dans la maison où on l’avait convié.

C’était chez de braves gens à leur aise qui étaient fermiers dans le bien de famille du curé de Fanlac. La veille, la femme, peinée en pensant que le pauvre Martissou n’oserait pas aller chez lui, et ferait carnaval au profond des fourrés avec quelque morceau de pain, l’avait fait engager par son homme.

Aussitôt que la porte fut refermée, le drole s’en galopa prévenir son père, qui courut au château prévenir que Martissou était chez le Rey, de La Granval. Sur le coup, un homme à cheval part grand train avertir les gendarmes, qui laissent là leur souper et viennent en grande hâte.

À une centaine de pas de La Granval, ils donnent leurs chevaux à Jansou qui les attendait, et, à petit bruit, aidés des gardes de l’Herm, cernent la maison. Il était sur les onze heures du soir, tous ceux qui étaient là avaient bien festoyé et ils chantaient en trinquant avec du vin cuit, lorsque deux gendarmes poussèrent la porte brusquement et entrèrent.

Ce fut une grande surprise, comme on pense. Tandis que chacun s’écriait, mon père court à son fusil qu’il avait posé dans un coin ; mais il se trouva qu’on l’avait ôté et mis sur un lit à cause d’un petit drole qui voulait s’en amuser. Alors il se lance vers la fenêtre et l’enjambe malgré les deux gendarmes qui le voulaient retenir, et tombe dans les mains des deux autres