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fit dire par ses gardes dans les villages, autour de la forêt, qu’il donnerait deux louis d’or à celui qui le ferait prendre. Comme il se doutait que Jean le charbonnier voyait souvent « ce coquin de Martissou », et l’aidait à vivre, il lui en fit même proposer cinq.

— Écoutez, Mascret ! répondit Jean au garde qui lui faisait la commission, je ne sais pas où est Martissou, mais quand même je le saurais, ça n’est pas pour cinq louis, ni pour vingt, ni pour cent que je le vendrais. Dites ça à votre monsieur, et ne venez plus me parler de telle canaillerie.

Malheureusement, tout le monde n’était pas solide honnête homme comme Jean, et il ne faut pas s’étonner que parmi tant de braves gens du pays, il se soit trouvé un coquin. Quand je parle d’un, ça ne veut pas dire qu’il n’y eût par là, des individus capables d’un mauvais coup, et en ayant fait : ça serait faire mentir le proverbe qui dit que la Forêt Barade ne fut jamais sans loups ni sans voleurs. Mais ceux-là mêmes qui auraient volé sur les grands chemins étaient honnêtes à leur manière : détrousser un homme, passe ; pour le vendre, non.

Mais enfin le traître s’est trouvé. Il y avait aux Maurezies un homme pauvre appelé Jansou qui, toute l’année déjà, travaillait comme journalier au château de l’Herm. Ce Jansou avait cinq enfants, petits tous, l’aîné ayant neuf ans, qui demeuraient avec leur mère dans une mau-