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Que de fois, la nuit, levant la tête et voyant briller sur le bleu sombre du ciel ces millions de soleils perdus dans des profondeurs immesurables, je me suis pris à rêver. Et que de fois j’ai admiré ces astres qui se meuvent dans l’infini, et, exacts comme une horloge bien réglée, viennent passer à tel point de l’espace où ils doivent passer ! À force de les observer, j’ai fini par connaître l’heure à leur position, aussi bien qu’avec une montre. Je ne sais rien de plus beau que de voir l’étoile du soir monter lentement sur l’horizon. Bien souvent, seul, au milieu des bois, j’ai suivi son ascension superbe dans le firmament, en me disant que, peut-être sur cet astre, quelque charbonnier surveillant ses fourneaux dans une Forêt Barade quelconque, contemplait la Terre, comme moi, terrien, sa planète.

On me dira peut-être : « Tout ça c’est très joli avec le beau temps ; mais quand il pleuvait ?… »

Eh bien, quand il pleuvait, je me mettais à l’abri dans ma cabane ; et puis j’avais une bonne peau de bique qui me gardait de la pluie. Un peu d’eau, ce n’est pas une affaire, et de temps en temps, je ne la déteste pas.

Reprenons. J’aimais aussi à observer ce qui se passait autour de moi, à connaître les mœurs et habitudes des bêtes et des oiseaux. J’épiais le hérisson chassant les serpents ; l’écureuil à la recherche de la faîne ; le renard glapissant