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tête desséchée, transparaissait l’image de la mort.

Je restai là jusqu’au soir, et puis je m’en fus en disant à la Bertrille que je reviendrais le lendemain.

Lorsque j’entrai le matin, sur le coup de huit heures, la vieille mère était morte, et la Bertrille assise près du lit éclairé par une chandelle de résine, la veillait.

Elle se leva et vint à moi, les yeux rouges.

— Pauvre femme ! lui dis-je, ses souffrances sont finies !

Puis je pris le brin de buis qui trempait dans l’assiette de terre brune où était l’eau bénite, et j’en jetai quelques gouttes sur le corps.

En ce moment la voisine qui assistait la Bertrille rentra :

— Ma drole, le curé veut huit francs, et qu’on le paie à l’avance.

— Hélas ! dit la pauvre fille, je n’avais qu’un écu de trois francs et je l’ai donné à Bonnetou pour la caisse !

— C’est un joli parpaillot, votre curé ! mais ça ne m’étonne pas, — ajoutai-je, en me rappelant l’enterrement de ma pauvre mère, et sa dureté.

Et comme la Bertrille se désolait que sa mère fût enterrée sans prières, je lui dis :

— Ne te tourmente pas ; je vais tâcher de trouver l’argent.

Et, repartant aussitôt, j’allai prendre une peau