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car ces réponses ne disaient pas grand’chose. Pour moi, j’avouai hautement que j’étais le seul coupable, que j’avais tout fait ; mais ils disaient que ça n’était pas possible, pour ce qui était de la prise du château. Enfin, sur les renseignements du maire et les dénonciations du comte, d’après les ordres du juge les gendarmes ramassèrent au petit bonheur cinq ou six paysans, de ceux réputés mauvaises têtes, méchants sujets, et, nous ayant enchaînés deux par deux, nous emmenèrent à Montignac. Le matin, on nous tira de bonne heure d’un endroit puant où nous avions couché sur la paille, pour nous conduire à Sarlat.

Au juge d’instruction qui nous interrogea, je répondis, comme au juge de paix, que c’était moi qui avais tout fait, allumé le feu, et le reste : les autres, comme il était convenu, me mirent tout sur le dos. Cependant, comme ça n’était pas possible, le juge s’entêta à nous faire avouer ; mais il avait affaire à de plus têtus que lui. Alors il nous laissa tranquilles quelques jours, et une grande enquête commença. Tous ceux des villages d’autour de l’Herm furent mandés à la mairie de Rouffignac, où siégeaient le procureur, le juge d’instruction et un greffier, assistés des estafiers de la justice. Mais ils ne salirent guère leur papier à écrire les réponses : personne ne savait rien ; tous étaient venus oyant le tocsin, ou voyant le feu ; quant à ce qui s’était passé avant, personne n’avait rien vu. Cependant,