qu’on va saigner, ne s’interrompant que pour demander grâce d’une voix piteuse.
— Allons, tais-toi, braillard ! ne vois-tu pas tous les autres sur pied ?… Il n’y a plus personne ? Alors, en avant !
Et entrant dans le château, je défonçai à coups de hache deux barriques d’eau-de-vie qui se répandirent sur le plancher, puis j’y mis le feu, et je ressortis.
À travers les croisées, ouvertes pour aviver le feu, on voyait la flamme bleuâtre s’élever, frôlant les murs, enveloppant les meubles, grimpant aux rideaux et enflammant les fagots entassés dans la grande salle. Un quart d’heure après, un énorme bûcher flambait jusqu’au plafond, et l’incendie attaquait les pièces voisines. Les baies s’illuminaient successivement à mesure que le feu gagnait, et, une heure après, tout l’intérieur n’était plus qu’une immense fournaise, vomissant par les ouvertures des torrents de flammes qui, comme des langues ardentes, léchaient les murs extérieurs. Puis le feu s’élançant à l’escalade gagna les hauts étages, et bientôt les vieilles charpentes de châtaignier, chauffées à force, prirent feu comme des allumettes de chènevottes. Alors les ardoises commencèrent à pleuvoir dans la cour, surchauffées par les lambris qui brûlaient : il fallut se reculer. Enfin, la couverture s’étant effondrée avec fracas, les flammes montèrent dans les airs par les travées, jetant au loin sur les coteaux des reflets rou-